Publié
Temps de lecture
9 MIN
Par
Margrith Scherrer
Entretien avec le champion d’Europe Lukas Britschgi

Lukas Britschgi, Art on Ice 2025
C’est un moment dont la plupart des sportifs rêvent. La compétition : un championnat. La performance : absolument top. La remontée : parfaite. Le résultat : de l’or ! Pour Lukas Britschgi en revanche, son sensationnel titre aux Championnats d’Europe en février dernier (premier patineur suisse depuis Hans Gerschwiler en 1947) n’a pas été la réalisation d’un rêve. « Car devenir champion d’Europe, je n’osais même pas en rêver ! » Après l’effervescence des championnats d’Europe et les premières représentations devant le public d’Art on Ice, c’est le choc : Lukas Britschgi se blesse à l’entraînement, se bat pour s’en sortir, mais doit interrompre la tournée un jour avant la fin. Réhabilitation et reconstruction, puis les Championnats du monde de Boston se profilent déjà. Le jeune homme de 27 ans y atteint l’objectif minimal : une place pour les Jeux olympiques. Quelques mois se sont écoulés depuis.


« On pourrait dire : un programme typique du showman Lukas Britschgi »
Nous nous sommes entretenus avec le champion d’Europe et avons voulu savoir à quelle fréquence il repense à sa médaille d’or, comment il a passé ses vacances et à quel point il est déjà préoccupé par l’événement phare de la saison que sont les Jeux olympiques.
Lukas, à quelle fréquence repenses-tu aux Championnats d’Europe et quels sont les sentiments qui te viennent à l’esprit ?
Après le Championnat d’Europe, j’y ai repensé quelques fois, surtout pour me préparer au Championnat du monde. En raison de ma blessure, j’ai en effet eu un temps de préparation relativement court. L’idée des championnats d’Europe a donc été un bon moteur de motivation. Après le Championnat du monde, je voulais déconnecter pendant mes vacances et ne pas penser constamment au patinage. Mais depuis que je suis revenu sur la glace, les souvenirs sont plus présents.
Comment as-tu réussi à déconnecter après cette saison particulière ?
J’ai dû m’arrêter huit semaines en raison de mes douleurs chroniques au genou, un repos forcé en quelque sorte. C’est pourquoi j’ai réussi à le faire presque plus facilement que d’habitude. Cela m’a fait un bien incroyable, et pas seulement à mon genou. Mais aussi pour digérer cette saison intense et déconnecter complètement pour une fois. Ce n’était pas seulement le titre européen, c’était une saison en montagnes russes. Les coups durs et les moments forts se sont succédé. J’étais mentalement très fatigué.
Peux-tu nous parler de ta pause ?
Elle n’a pas été très reposante (rires). De toute façon, je n’aime pas trop rester sans rien faire. J’ai passé les derniers examens de mon bachelor et je me suis consacré au traitement et à la rééducation de mon genou. J’ai passé beaucoup de temps en salle de musculation et à faire des exercices de renforcement. Ensuite, je suis allé en Colombie, en Amérique du Sud. J’ai voyagé avec un bon ami et mon sac à dos. Nous avons été très actifs, restant à peine deux jours au même endroit. Du point de vue des paysages, j’ai beaucoup aimé la Colombie, mais moins la nourriture, que j’ai trouvé un peu fade. Notre vie dans les auberges de jeunesse était simple, mais sympathique. Cela nous a permis de rencontrer beaucoup de nouvelles personnes.
Plus qu'un simple soutien : accompagne Lukas Britschgi dans son aventure !
Tout succès passe par le soutien de personnes qui croient en soi. C’est précisément pour cette raison que Lukas Britschgi a créé le Club des supporters. Que soit en bronze, argent ou or, ta contribution l’aide à s’entraîner, à voyager et à se perfectionner au plus haut niveau.
En retour, tu bénéficieras d’un accès exclusif, de rencontres personnelles et d’un aperçu de l’histoire du patinage artistique. Merci pour ta participation !
Comment les gens ont-ils réagi lorsqu’ils ont réalisé qu’ils avaient un champion européen en face d’eux ?
Lorsque je parle de patinage, les gens posent souvent beaucoup de questions et se montrent très intéressés, car ils ne connaissent pas très bien ce sport. Mais je préfère parler d’autre chose que de moi-même. Je ne mentionne pas d’emblée mon métier de patineur artistique ou je me présente simplement comme un étudiant. Le problème, c’est que j’ai un tatouage avec les anneaux olympiques sur l’avant-bras. Il me trahit (rires).
La transition est parfaite : encore un peu plus de six mois avant les Jeux olympiques ! Dans quelle mesure te préoccupes-tu déjà de l’événement phare de la saison ?
Pendant mes vacances, par exemple, j’ai été plus prudent que d’habitude. Je suis accro à l’adrénaline, mais avec les Jeux olympiques en tête, j’ai par exemple renoncé au saut à l’élastique. Et nous avons loué une voiture plutôt que de nous déplacer en deux-roues. Dans la recherche de la musique pour les nouveaux programmes et les chorégraphies, le fait que je les présente aux Jeux olympiques devant un public encore plus nombreux que d’habitude joue bien sûr un rôle. De plus, je suis en train de rédiger mon mémoire de bachelor. J’aimerais le terminer avant le début de la saison. Mais, en dehors de ça, j’essaie de ne pas trop penser aux Jeux olympiques pour l’instant. Je ne veux pas plonger dans cette folie. Nous avons encore tellement d’autres compétitions avant. Chaque chose en son temps.
Peux-tu déjà nous parler de tes nouveaux programmes ?
Je ne veux pas en dire trop pour l’instant. Mais je peux donner quelques informations. J’ai à nouveau travaillé avec des chorégraphes de confiance : l’Italien Andrea Vaturi a chorégraphié le programme court et le Belge Adam Solya le programme libre. Contrairement à l’année dernière, le programme court aura un thème « plus léger, moins profond ». On pourrait dire qu’il s’agit d’un programme typique du showman Lukas Britschgi (rires). J’espère que le public sera enthousiaste. Le thème du programme libre est tout à fait nouveau pour moi. Le concept n’est pas absolument nouveau en patinage mais, à ma connaissance, personne n’a jamais patiné sur ces morceaux de musique. Il est important pour moi de toujours faire quelque chose de nouveau plutôt que ce qui a déjà été fait 100 fois. Du point de vue thématique, nous nous dirigeons vers l’est. Je me sens déjà très à l’aise avec les programmes, mais je dois encore beaucoup travailler.
Lukas Britschgi, avec cœur et or.
Lukas Britschgi est un patineur artistique suisse, champion d’Europe et artiste. Sur son site web, il raconte comment sa passion lui a valu une médaille d’or aux Championnats d’Europe 2025 et te dévoile d’autres informations intéressantes à son sujet.

Sarah van Berkel, anciennement Meier, a été championne d’Europe de patinage artistique en 2011. Elle est aujourd’hui journaliste et responsable du management des athlètes ainsi que du projet « young talents » chez Art on Ice. Cette quadragénaire est une « Gfrörli », elle adore le café et les noix.